Karine Lebrun, Tchatchhh, 2008.
Dans la littérature comme dans l’histoire de l’art, bien des pratiques sont associées à la conversation. De la Marquise de Sévigné dont on continue la publication des correspondances épistolaires à Andy Warhol qui a enregistré de multiples conversations sur le magnétophone qu’il présentait comme « My wife, Sony ». Force est de reconnaître qu’il y a des innovations comme le mail, les forums de discussion et les réseaux sociaux qui induisent l’archivage et la publication de nos échanges. Certains artistes, telle Karine Lebrun, se saisissent des possibilités offertes par les outils participatifs du Web. Celle-ci a ouvert un blog intitulé “Tchatchhh” en avril 2008. Le protocole visant à faire œuvre de conversations est précis comme c’est le cas généralement et en art aussi. C’est Karine qui choisit les personnes avec qui elle va converser, mais ce sont ces derniers qui ont le loisir de commencer et de conclure après avoir déterminé la durée, une composante essentielle qui sculpte les échanges. Gwenola Wagon, au début, nous montre la vidéo d’un Data Center dont on de la peine à imaginer la quantité des flux de données en phase d’archivage. Julie Morel termine la conversation par d’autres séquences qui ont disparu du réseau depuis. Car tous les serveurs du monde entier participent à cette masse de contenus sans formes ni limites parce que sans cesse renouvelés. Quand se perdre sur Tchatchhh.com, c’est prendre le temps d’une respiration, d’une lecture, au travers d’échanges passés que l’artiste magnifie par l’archivage et la publication.