Société Réaliste, Monotopia, 2012, source Florian Kleinefenn, courtesy Michel Rein.
C’est en 2004, que Ferenc Grof et Jean-Baptiste Naudy fondent ce qu’ils nomment la coopérative Société Réaliste. Depuis, ils n’ont de cesse de tisser une œuvre qui se ramifie selon les contextes allant de festivals dédiés aux cultures émergentes à des événements regroupant des pratiques alternatives. Sans omettre le Jeu de Paume qui les a récemment propulsés au devant de la scène de l’art contemporain. A la galerie Michel Rein, tout récemment, ils continuaient à augmenter la trame de leurs histoires dont la complexité est une des composantes essentielles. Mais il y avait pourtant deux pièces dans l’exposition “Monotopia” venant de se terminer qui se détachaient par leur évidente simplicité. Ferenc et Jean-Baptiste se sont tout d’abord intéressés à la police de caractère Utopia, sans doute pour son nom. Puis, ils ont rédigé la règle qui allait transformer cette fonte en une autre : la Monotopia. « Une majuscule s’écrit de toutes les autres majuscules, une minuscule de toutes les autres minuscules, un chiffre de tous les autres chiffres. Comme une kabbale égalitaire, où n’importe quel signe énoncerait encore les autres. Ou une obligation à refuser la distinction entre l’ornement et la forme » déclarent-ils. Avec l’accumulation des chiffres sur huit caractères, ils obtiennent ainsi toutes les dates, de l’an zéro à l’an 9 999. Et sur l’emplacement de quatorze caractères, ce sont toutes les positions géographiques qui n’en font plus qu’une. Comme si tous les endroits du monde se résumaient en un seul. Mais où se trouve, en l’instant, cette œuvre synthétisant toutes les positions géographiques ? Chez un collectionneur peut-être, qui d’un seul regard cartographie tous les mondes, connus ou inconnus.