David Michalek, Figure Studies, 2012.
Les “Figure Studies” de David Michalek qui sont actuellement exposées au Laboratoire offrent autant de lectures condensées, dans la lenteur, de histoire de l’art. On y pense, quand le corps est sculptural et quand le geste est mesuré, à la Grèce antique. Mais il est aussi des postures plus extravagantes, davantage baroques, qu’une lumière blanche extirpe de l’obscurité. Et puis il y a cette lenteur extrême évoquant Bill Viola ou Douglas Gordon. Le temps y apparaît comme étiré au point que les images en perdent leur statut car plus vraiment en mouvement, mais pas encore fixes, donc ni vidéographiques ni photographiques. Les corps, presque tous dénudés pour que rien ne perturbe le cadre, échappent à la pesanteur. Sportifs ou gens ordinaires, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, tous sont également ralentis dans un monde dont on nous répète qu’il accélère sans cesse. Le véritable sujet, selon l’artiste qui se réclame d’Eadweard Muybridge plus que d’Étienne-Jules Marey, serait donc le mouvement. Et peu importe que l’un ait photographié comme un artiste alors que l’autre expérimentait tel un scientifique, quand on sait les multiples frictions historiques entre l’art et la science. David Edwards, le fondateur du Laboratoire, a d’ailleurs proposé à David Michalek d’échanger avec le scientifique Dan Lieberman spécialisé notamment dans l’étude de la marche ! Pour qu’enfin des techniques de prise de vue à grande vitesse soustraient, par la lumière, quelques corps de l’attraction terrestre. Car les arts, les sciences et techniques, depuis toujours, n’ont de cesse de se cristalliser en des œuvres hybrides comme les études de cet artiste américain.