!Mediengruppe Bitnik, « Surveillance Chess », 2012.
Big Brother n’existe pas. A sa place, d’innombrables gens ordinaires, simples salariés d’entreprises publiques ou privées, rémunérés pour observer des parcelles d’un monde sous surveillance. Il est des pays où l’on nous en informe, à grand renfort de pictogrammes quand d’autres se contentent tout simplement de ne pas dissimuler leurs myriades de caméras, armes de dissuasion contre la délinquance pour les uns, armes de destruction massive de nos vies privées pour tant d’autres. Aussi il est des artistes, à l’instar du collectif !Mediengruppe Bitnik, qui s’en saisissent en les détournant de leurs fonctions originelles. Alors que des festivals, comme Mal au Pixel qui s’est installé à la Gaîté Lyrique, en font l’écho. Et sur le sol du centre dédié aux cultures numériques, au quatrième étage, il y a une valise jaune témoignant de l’action qui, au sein du document vidéo « Surveillance Chess« , se déroule dans le métro londonien durant la paranoïa sécuritaire des derniers Jeux Olympiques. On y découvre une jeune femme portant précisément une valise jaune semblable à celle de l’installation. Elle l’ouvre, pour s’adresser à celui où celle qui l’observe sur l’un des écrans de son dispositif de surveillance, dissimulé quelque part. On imagine aisément sa surprise au regard de l’échiquier qui, subitement, remplace le flux de l’une de ses caméras et précède le message : « I’ve Hijacked your surveillance camera! ». Puis la jeune activiste se dénonce : « I’m the one with the yellow suitcase », avant de proposer une partie d’échec en donnant son numéro de téléphone. Mais il est un autre message, un peu plus en avant dans la séquence vidéo documentant le détournement londonien : « Chess is everything Art, Sciences and Sport…» Quand on ne peut s’empêcher de penser à un autre homme, dissimulé lui aussi dans l’appareillage du baron Kempelen qui ventait les talents de son automate joueur d’échec. C’était au XVIIIe siècle et il ne fait aucun doute que cette œuvre d’ingénieur ait influencé les scientifiques en quête d’Intelligence Artificielle du XXe siècle. Le siècle qui vit le plus grand des joueurs d’échec perdre contre une machine.