Robin Fox, Laser Show, 2012.
L’édition 2012 du festival Némo, plus étendue que les années précédentes, n’est pas terminée, et loin s’en faut. Hier encore, deux performers se sont succédé au Centquatre. En ouverture, l’australien Robin Fox a littéralement enveloppé le public dans un cône de lumière semblable à celui qu’Anthony McCall dessinait déjà en 1973 : “Line Describing a Cone”. Car il s’agit bien de dessins que Robin Fox réalise en contrôlant des signaux électriques en temps réel. Celui-ci pourrait tout à fait participer aux rassemblements de type “Dorkbot” qui sont dédiés aux « people doing strange things with electricity ». Le public, dès le début de la performance, a les yeux rivés sur le mécanisme émettant les rayons verts, et il doit être DANS le cône. De la fumée, progressivement, emplit l’espace. Sa granulosité rompt avec la pureté des lasers. Les sons, entre autres conséquences de l’électricité contrôlée par l’artiste en temps réel, s’ajoutent à cette opposition puisque que des fréquences pures se mêlent aux accidents sonores du type glitch. La fumée, chaotique dans la lumière, se déplace aussi lentement que les lasers s’activent en scannant l’espace, le public dont les silhouettes font partie intégrante de l’œuvre. Les spectateurs, dont les attentions sont toutes focalisées sur un point dans l’espace, nous apparaissent comme dans l’incapacité de s’extraire de l’expérience. Ils sont immobiles mais n’attendent rien tant ils vivent l’instant. La fumée se densifiant, au fur et à mesure, ne dessine plus rien que les rayons de lumière qui font membrane entre ceux qui sont dans le mystère et le reste du monde. Le silence de tous les participants, dans les quelques minutes qui suivent la fin de la performance, en dit long sur l’intensité de l’expérience esthétique, donc la difficulté de s’en extraire. Quant au festival Némo, il se poursuit jusqu’au 16 décembre prochain.