Fred Forest, Le robinet planétaire, 1992-2013.
Il ne reste que quelques heures pour visiter l’exposition “Homme média n°1”. Juste le temps qu’il nous faudrait pour faire couler collectivement quelques bains au sein du Centre des Arts d’Enghien. Et pour cela, il convient d’appeler le 01 39 64 15 13 afin d’entendre l’eau et savoir qu’elle coule, à distance, dans l’institution muséale. L’œuvre originelle s’intitule “Robinet Planétaire”. Fred Forest l’a d’abord installée à la Cité des Sciences et de l’Industrie, en 1992. Elle compte par conséquent parmi les 94 œuvres et/ou actions que recèle son Web Net Museum. Le spectateur était invité à appeler New York pour que son appel téléphonique, passant par Tokyo, fasse couler l’eau devant ses yeux. Le robinet muséal, par la téléphonie, devenait alors œuvre planétaire, bien avant que l’Internet ne transforme nos lieux de vie en habitats intelligents. Car il n’est point de supports, médias, techniques ou technologies de communication que l’artiste Fred Forest n’ait détournés au cours de ces dernières décennies, des journaux où il offre, dès le début des années 70, des cm2 d’un blanc artistique (Space-média) aux lecteurs pour qu’ils s’expriment librement, au réseau Internet qu’il investit en y déposant les monochromes numériques que Maître Pierre Cornette de Saint Cyr met en vente à Drouot Montaigne le 28 octobre 2000. Fred Forest, qui qualifie sa pratique artistique de “sociologique” se sert des médias et institutions autant qu’il les détourne. Allant, en 1991, jusqu’à briguer le poste de président de la télévision Bulgare ! Sans omettre les procès à répétition qui l’opposent au Centre Pompidou qu’il finira inévitablement par investir autrement que furtivement comme ce fut le cas le 6 mai 2011 (Performance Video Vintage). La quatre-vingt treizième de ses œuvres actions, documentée sur le site de son Web Net Museum, est donc à découvrir ces jours-ci au sein de l’exposition “Homme média n°1”.