Ad Nauseam

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Tania Mouraud, Ad Nauseam, 2012-2014.

Pénétrer dans la salles des expositions temporaires du MAC/VAL revient à affronter l’excès, jusqu’à en éprouver possiblement la nausée. Ad Nauseam, c’est le titre de l’installation vidéo de très grande taille de Tania Mouraud. Où l’on saisit dans l’instant de quelle destruction il retourne. Celle du savoir qui nous singularise au point parfois de nous désunir. Partout, dans l’espace de l’image, il y a des livres que l’on s’apprête à détruire. Des livres, de tous les genres, qu’une pince mécanique gigantesque saisit ici pour les “dégueuler” là. Partout, dans l’espace sonore, les “cris” des machines s’entremêlent pour créer une texture sans humanité aucune. Car les humains, dans ces séquences sans véritable narration, se situent en amont de l’action. Seul, dans le pire ou le meilleurs des cas, c’est selon, on peut s’asseoir au fond de la salle, de l’obscurité, sur des bancs dédiés à la méditation dans le vacarme. Quelques références historiques nous viennent alors inévitablement à l’esprit, de l’inquisition initiée par l’Église catholique romaine aux autodafés de 1933 que François Truffaut évoque si parfaitement dans Fahrenheit 451. Film dans lequel le pompier Montag porte le chiffre 451 sur son costume parce que c’est celui de la température de la combustion des livres, donc des idées, précisément 451 degrés Fahrenheit. D’où l’usage de lances flammes aux allures de lances à incendies. Plus récemment, ce sont des statues de Bouddha que l’on a détruit en les dynamitant en Afghanistan. Dans une démesure semblable à celle de l’installation audiovisuelle de Tania Mouraud. Mais ne sommes-nous pas, aujourd’hui, en train de nous séparer de nos livres au profit de supports électroniques, au fur et à mesure que l’on rebâtit médiathèques nos bibliothèques d’antan ? Ne devrait-on pas apprendre chacun une page de Wikipédia comme nous le suggère l’artiste David Guez au travers de son projet Humanpedia ? Si tous les serveurs du monde venaient à s’éteindre, allons savoir pourquoi ou sur l’ordre de quel tyran, nous n’aurions plus qu’à nous réunir dans une forêt comme le font les hommes-livres du roman Farenheit 451 de Ray Bradbury.

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