Olafur Eliasson, Contact, 2014.
Il est des moments, dans une vie, où nous percevons d’infinies distensions entre ce qui est ou devrait être et ce que nous percevons. Mais ils sont aussi rares que furtifs et jamais nous ne parvenons à préserver ces états modifiés de conscience. Olafur Eliasson, avec ses installations actuellement à la Fondation Louis Vuitton, recrée artificiellement les conditions de ces possibles distensions propices à l’émerveillement. Il ne s’intéresse à l’espace qu’en le multipliant, voire parfois à le démultiplier. Interrogeant la gravité, il agit littéralement sur nos postures corporelles, se jouant des relations entre nos vertèbres que la pensée croit encore contrôler. Lorsqu’il ouvre des brèches supplémentaires dans l’architecture de Frank Gehry, il nous projette au plus près du derrière de nos globes oculaires en disjonctant nos cerveaux. Du temps, il extrait des instants qui jamais ne se reproduiront et sont, par conséquent, perdus à tout jamais. Ses matériaux de prédilection, allant du verre au miroir ou de l’ombre à la lumière, sont ceux de l’architecte, mais c’est pourtant d’une forme de pré-cinéma résolument expérimental dont il est question. De cette exposition intitulée “Contact” que l’on visite silencieusement, on sort dans l’état de celles ou ceux qui s’extraient de l’ailleurs au travers du langage, en se devant de partager. Bien que ce soit une exposition où il convient être, dans l’expérience, plus que d’y avoir été, dans l’analyse.