Clement Valla, Saint Barbara, 2015, Courtesy Xpo Gallery.
« Le baroque, nous dit Gilles Deleuze dans Le Pli publié en 1988 aux éditions de Minuit (p. 164), se reconnaît d’abord au modèle textile tel que le suggère la matière vêtue : il faut déjà que le tissu, le vêtement, libère ses propres plis de leur habituelle subordination au corps fini ». Or, c’est précisément d’une forme d’émancipation des textures, par les tissus comme par les plis, dont il est question dans l’exposition résolument baroque Surface Proxy de Clement Valla à la XPO. Car l’artiste a littéralement dissocié les reconstitutions de fragments architecturaux de leurs textures originelles. Pour qu’enfin, amplement, les textures soient repliées sur les corps sans peau de ces mêmes fragments provenant de divers monuments historiques français. Mais c’est aux Etats-Unis, où il réside, que Clement Valla en a pris les mesures par la photographie au sein de quelques collections muséales permanentes pour en recréer les modèles en trois dimensions. Avec la multitude d’images qu’il a capturée, il a aussi généré des textures qui, dépliées, nous livrent leurs plis en devenir. Equipé d’épingles, comme le sont les stylistes, c’est à Paris, capitale de la mode, qu’il a habillé ses modèles d’un autre temps. Les textures, dans les machines, sont généralement dissociées des modèles qu’elles finissent toujours par plaquer. Mais il n’y a définitivement rien de virtuel dans ce qui nous est présenté rue Notre Dame de Nazareth. Ou quand les technologies du virtuel sont au service d’une forme de dématérialisation, ailleurs et autrement, d’un monde que l’on se doit d’envisager “sous toutes ses coutures” et selon toutes ses dimensions, sans omettre ses diversités.