Rafael Lozano-Hemmer, “33 Questions per Minute”, 2010, source Peter Mallet.
Si l’on admet que l’auto archivage immédiat puisse faire œuvre, qu’en est-il alors du non archivage immédiat dans le champ de l’art génératif, quand la décision humaine, celle de l’artiste généralement, prive la machine de sa mémoire ? Le cinquième item des “Architectures Relationnelles” conçues par Rafael Lozano-Hemmer s’intitule “33 Questions per Minute”. Ce dispositif s’articule autour d’une application qui est à même de “calculer” 55 milliards de questions devant s’afficher selon une fréquence de 33 par minute sur les 21 écrans à diodes électroluminescentes qui le composent. Il faudrait, par conséquent près de 3 000 années pour qu’enfin la dernière de ces improbables questions soit posée. Inlassablement, tel un enfant qui ne grandirait pas, la machine continue à poser des questions qui n’ont jamais ét é posées, auxquelles personne ne répond et qui resteront sans réponses. La nuit, quand les gardiens du musée sont partis, la machine poursuit dans ses questionnements sans que personne ne puisse en témoigner. Or c’est peut-être en ces instants que l’œuvre attend son idéal, lorsqu’elle œuvre pour elle-même, autonome, sans public.