John Rafman, “Nine Eyes of Google Street View”, 2009.
Il ne fait désormais aucun doute sur le fait que la plus grande des archives photographiques n’est autre que celle initiée par Google il y a quelques années. Combien de rues, de boulevards et d’avenues, depuis 2007, ont ainsi intégré la gigantesque base de données de Maps ? Nous sommes d’ailleurs nombreux à avoir été pris en flagrant délit d’existence par l’un des véhicules de ce dispositif planétaire qui accepte encore de flouter nos visages pour protéger nos vies privées. Mais cela ne suffit pas pour les plus audacieux des sujets photographiques qui tendent un doigt ou baissent leur pantalon. Avec de tels gestes, c’est leur désapprobation qu’ils archivent eux-mêmes. De son côté, l’artiste John Rafman collecte les plus surprenants des clichés capturés par les neuf objectifs des appareils qui sillonnent le monde pour les mettre sur son site intitulé “9-eyes.com”. La photographie de rue, considérée comme un genre à part entière, peut devenir un puissant outil de surveillance. C’est à Berlin, là précisément où les photographes de la Stasi exerçaient autrefois, qu’Aram Bartholl s’est récemment associé aux membres du collectif Free Art & Technology pour donner les allures d’un véhicule de Google à une banale voiture de location. L’artiste allemand, au volant de son “Fake Google Street View Car”, a cumulé les infractions au code de la route tout en demandant son chemin aux passants médusés. On rapporte même sur quelques blogs outre-Atlantique que cette performance artistique est prise très au sérieux par ceux qui conseillent aux salariés du géant américain de corriger leur attitude en Europe !