Christian Boltanski, “Chance”, 2011.
Nous sommes en juin, une année impaire, aussi c’est à Venise qu’il faut être là où, par “Chance”, on pourrait croiser Christian Boltanski. Car ce dernier a investi le pavillon français, dans les Giardini, avec une série d’installations dont celle intitulée “Dernières nouvelles des humains”. Un compteur à affichage digital de grande taille annonce, en vert, les naissances pendant qu’un autre, en rouge, compte les morts. Or le fait qu’il y ait, en moyenne, « 200 000 enfants qui naissent de plus que d’humains qui meurent » suffit à rassurer l’artiste, à le rendre optimiste, lui qui ne l’a pas toujours été. Mais ces deux valeurs qui sont remises à zéro quotidiennement, à minuit, nous rappellent aussi la vanité de nos existences qui pourraient être résumées par quelques bases de données ou registres. Il y a, tout d’abord, celui des naissances que nous avons intégré par nos parents et enfin celui des décès que nos enfants renseigneront. Plus tard, beaucoup plus tard, nos vies ne se résumeront donc qu’à quelques entrées et sorties dans ce que l’on nomme les archives départementales, là où il suffit tout simplement d’avoir “été” pour être. Et c’est une sonnerie, dans le pavillon français, qui symbolise le hasard. Quand le visage d’un nouveau né apparaît à l’écran, c’est qu’il a été choisi et que sa destinée sera tout autre.