Purform, White Box, 2010.
C’est dans la black box de la Gaîté Lyrique, le vendredi 7 octobre dernier, que les membres du duo Purform ont installé leur dispositif performatif intitulé White Box. Alain Thibault et Yan Breuleux, comme à leur habitude, se font face quand un regard leur suffit pour plonger l’espace intérieur de la grande salle dans l’obscurité afin de n’en illuminer que les quatre parois verticales. Puis, dans l’image comme dans le son, tout nous apparaît instable, comme dans la permanence d’un entre deux. Et peu importe de savoir qui contrôle l’image ou qui fait le son quand il est question de correspondance plutôt que de synchronisation. Car aux grilles qui se confondent devant nous, comme derrière nous, correspondent les moirages qui caressent nos tympans. Quant aux milliards de particules soulignant l’extrême instabilité de l’univers installé par les deux performeurs, ils se prolongent dans des sonorités que le public découvre avec pour seule certitude celle de ne jamais les avoir entendus. Tout n’est que souplesse et élasticité dans cet espace lumineux littéralement courbé par les artistes. Etrangement, la majestueuse black box de la Gaîté Lyrique est devenue blanche, aussi on voit ceux qui nous entourent, les yeux rivés sur l’image. Ils ont la posture de ceux qui, dans la stupeur, découvrent un nouveau langage durant la “Rencontre d’un troisième type”, un langage exprimé par le son et l’image. En modulant les sons et les images entre la perfection de sinusoïdales et la rugosité de synthèses granulaires, entre l’ordre de la grille et le chaos des particules, Alain Thibault et Yan Breuleux ne seraient-ils pas tout simplement à la recherche d’un nouveau langage ?