Panorama 15

13_06_10

Nicolas Moulin, Grüsse Aus, 2013.

L’exposition Panorama 15 qui se tient actuellement au Fresnoy permet de découvrir les œuvres d’artistes émergents – comme Hicham Berrada, pourtant déjà présenté au Palais de Tokyo – qui ont été encadrés pendant l’année par des artistes confirmés tel Nicolas Moulin. Ce dernier a investi la mezzanine de la grande nef avec une toute nouvelle série de photographies. Un sentiment d’étrangeté se dégage de ses paysages urbains. La chaleur y est perceptible aussi que ce pourrait être à Brasilia. Mais surtout, il n’y a point de vie, tout juste quelques brins d’herbe grise. On apprend en échangeant avec l’artiste que ces lieux n’existent sur aucune carte. Ce ne serait que des vues de l’esprit comme les intérieurs de prisons de Giambattista Piranesi, les édifices monumentaux du siècle des lumières ou les vastes cités des membres du collectif britannique Archigram. Bien que ce pourrait tout aussi être les décors brutalistes de films en attente de tournages. A moins que tous, en cette journée particulière, ne soient allés écouter un discours aux promesses de mondes nouveaux. Les quartiers désertés de Nicolas Moulin n’ont rien de virtuel puisqu’ils sont là devant nos yeux, même s’ils sont issus d’un calcul des machines. Or n’est-ce pas là l’origine de l’étrangeté, du mystère ? Une forme de perfection, comparable à celle des représentations de Thomas Demand, qui nous dérange dans ces images mentales de villes recomposées pour intégrer la collection de cartes postales de l’artiste. A moins qu’elles n’illustrent finalement les pochettes des vinyles du label musical Grautag Records dont il est aussi le fondateur.

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Du GIF au Moving Image de NY

13_05_26

Evan Roth, A tribute to Heather, 2013.

Il y a, à l’entrée du Museum of Moving Image de New York, une œuvre vidéo projetée d’une quinzaine de mètres. Evan Roth, son auteur, l’a intitulée “A tribute to Heather” en hommage au site web d’où proviennent les dix animations au format GIF qui se multiplient et bouclent à l’infini sous les regards des spectateurs. Car tous les fichiers, sur Heathers Animations, peuvent être copiés, collés, ou sauvegardés. Alors qu’au Moving Image, c’est l’assemblage de l’artiste qui, associé au contexte muséal, fait œuvre. Et force est de constater que les boucles d’animation évoquant les origines du cinématographe, largement traitées dans les salles des étages supérieures, ont un caractère hypnotisant. Les regards comme aimantés ont peine à s’en décrocher. L’œuvre de cet artiste américain vivant à Paris s’inscrit dans la continuité de ce qu’il nomme les ”One Gif Compositions” et est aussi accessible en ligne à l’adresse “tribute-to-heather.com”. L’une des compositions qui recouvre le mur du Moving Image, “blimp-on-deepskyblue.com”, a d’ailleurs récemment été acquise par Hampus Lindwall, nous dit la barre de titre. C’était à la galeries XPO de Paris, quand l’artiste et le collectionneur ont signé un contrat de vente de site Web inspiré par Rafael Rozendaal et qui stipule que l’œuvre doit rester accessible, en ligne, au plus grand nombre. C’était pendant l’exposition “Offline Art” organisée par l’artiste allemand Aram Bartholl présentée actuellement à la XPO Gallery. S’en est donc fini des débats sans fin relatifs à la reconnaissance attendue des œuvres numériques dont on remarque ici et là qu’elles pénètrent le marché, donc les institutions, au travers de galeries et de collections privées.

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Natures Artificielles

Bertrand Lamarche, MAP, 2011 & Pierre-Laurent Cassière, The Blue Ray, 2011.

Natures Artificielles est une exposition atmosphérique et itinérante. Atmosphérique car elle regroupe notamment quelques œuvres modélisant des nuages artificiels. Itinérante car elle nous vient de l’Espace Sculfort de Maubeuge, est actuellement à la Maison des Arts de Créteil où se déroule le Festival Exit et sera prochainement à la Gare Saint Sauveur de Lille. On y découvre “MAP” de Bertrand Lamarche. C’est une épaisse brume qui, à intervalles réguliers, s’échappe du tuyau qui prolonge la machinerie que l’artiste ne cherche pas à soustraire de notre champ de vision, par honnêteté peut-être, ou refusant tout simplement  l’illusion tant appréciée par les publics des Musées dédiés aux sciences et techniques. La brume, qui d’ordinaire masque les territoires, contraste avec le tissu noir évoquant la peinture de monochromes. Le temps d’un regard, elle dessine des paysages aussi variables qu’éphémères. Observateur d’épaisses volutes, nous comme sommes au-dessus des nuages. Puis le brouillard se dissipe après quelques derniers hoquets à la sortie du tunnel. C’est alors l’instant du manque, tout aussi impalpable que les territoires d’un passé immédiat. Les œuvres que Charles Carcopino a sélectionnées pour l’occasion semblent dialoguer entres elles quand, en apparence, c’est le même nage qui est au centre de l’installation sonore “The Blue Ray” de Pierre-Laurent Cassière. Le son, c’est celui de la combustion du nuage qui est à l’horizon de cette ligne bleue représentant l’infini. L’œuvre est tout aussi puissante, par le son, qu’elle nous apparaît fragile lorsqu’un infime courant d’air la prive de ces précieux cumulus rappelant l’atmosphère que nous consommons tous et qui nous uni dans sa membrane. C’est la version (there) qui est exposé à la MAC, là-bas, alors que la version verticale (here) symbolisant la fine couche d’une atmosphère protecteur a été présentée en 2011 au sein de l’exposition rémoise intitulée “La Fabrique sonore”.

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Homme-média n°1

Fred Forest, Le robinet planétaire, 1992-2013.

Il ne reste que quelques heures pour visiter l’exposition “Homme média n°1”. Juste le temps qu’il nous faudrait pour faire couler collectivement quelques bains au sein du Centre des Arts d’Enghien. Et pour cela, il convient d’appeler le 01 39 64 15 13 afin d’entendre l’eau et savoir qu’elle coule, à distance, dans l’institution muséale. L’œuvre originelle s’intitule “Robinet Planétaire”. Fred Forest l’a d’abord installée à la Cité des Sciences et de l’Industrie, en 1992. Elle compte par conséquent parmi les 94 œuvres et/ou actions que recèle son Web Net Museum. Le spectateur était invité à appeler New York pour que son appel téléphonique, passant par Tokyo, fasse couler l’eau devant ses yeux. Le robinet muséal, par la téléphonie, devenait alors œuvre planétaire, bien avant que l’Internet ne transforme nos lieux de vie en habitats intelligents. Car il n’est point de supports, médias, techniques ou technologies de communication que l’artiste Fred Forest n’ait détournés au cours de ces dernières décennies, des journaux où il offre, dès le début des années 70, des cm2 d’un blanc artistique (Space-média) aux lecteurs pour qu’ils s’expriment librement, au réseau Internet qu’il investit en y déposant les monochromes numériques que Maître Pierre Cornette de Saint Cyr met en vente à Drouot Montaigne le 28 octobre 2000. Fred Forest, qui qualifie sa pratique artistique de “sociologique” se sert des médias et institutions autant qu’il les détourne. Allant, en 1991, jusqu’à briguer le poste de président de la télévision Bulgare ! Sans omettre les procès à répétition qui l’opposent au Centre Pompidou qu’il finira inévitablement par investir autrement que furtivement comme ce fut le cas le 6 mai 2011 (Performance Video Vintage). La quatre-vingt treizième de ses œuvres actions, documentée sur le site de son Web Net Museum,  est donc à découvrir ces jours-ci au sein de l’exposition “Homme média n°1”.

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SuPer Art Modern Movement

Aurélien Bambagioni, Comeback, 2011.

Michaël Borras (Systaime) et Thomas Cheneseau sont des artistes qui, quand ils ne s’exposent pas eux-mêmes, présentent les œuvres des autres (une centaine) au sein du SuPer Art Modern Museum dont ils sont les concepteurs. Rejoints depuis sa création par le commissaire d’exposition Jean-Jacques Gay, ils poursuivent leur commissariat artistique sur spamm.arte.tv. Ce deuxième site regroupe une quinzaine d’œuvres en ligne s’articulant autour de “La Vanité du Monde”. Présentées au sein de la mosaïque qui en donne l’accès, elles sont aussi tout particulièrement bien documentées. Un devoir relatif aux créations dont la pérennité n’est jamais véritablement assurée. Il y a, par exemple, l’œuvre “Comeback” de l’artiste Aurélien Bambagioni. Ce dernier, depuis 2011, a pour habitude de “photographier” sa présence. Car c’est bien de photographie dont il s’agit quand il fait une capture de l’écran de son iPhone affichant sa position au sein de l’application Map. Notons qu’à ce jour, il a répété cette opération 473 fois. Et c’est précisément cette accumulation évoquant la pratique obsessionnelle de Roman Opalka qui se photographiait à la fin de chaque séance de travail qui fait œuvre. Aurélien Bambagioni ne recadre jamais ses images tout comme, bien avant lui et du temps de la photographie argentique, Henri Cartier-Bresson se le refusait. Sur le site de l’œuvre Comeback, l’artiste nous livre donc les copies de ses présences passées, quelque part dans le monde. Il est ce point bleu, cette “vanité” et on imagine qu’il regarde l’image préalablement acquise par l’objectif de l’un des satellites du plus important des dispositifs photographiques jamais mis en place : celui de Google. Celui-là même qui cartographie le monde dans ses moindres recoins en s’inscrivant dans la continuité des missions photographiques du XIXe siècle. Les images se poursuivant bien au-delà des cadres de l’artiste, “all over” selon les mots du théoricien américain Clement Greenberg, ses captures ne sont que les témoignages temporels nous précisant « j’y étais ». Quand le cartel au dos de l’un des visuels nous renseigne : “Captured: Sat Jan 26 13:34:16”. On y reconnaît un aéroport, mais lequel ? C’est ainsi que l’artiste transforme le spectateur en enquêteur !

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Robin Fox au Cenquatre

Robin Fox, Laser Show, 2012.

L’édition 2012 du festival Némo, plus étendue que les années précédentes, n’est pas terminée, et loin s’en faut. Hier encore, deux performers se sont succédé au Centquatre. En ouverture, l’australien Robin Fox a littéralement enveloppé le public dans un cône de lumière semblable à celui qu’Anthony McCall dessinait déjà en 1973 : “Line Describing a Cone”. Car il s’agit bien de dessins que Robin Fox réalise en contrôlant des signaux électriques en temps réel. Celui-ci pourrait tout à fait participer aux rassemblements de type “Dorkbot” qui sont dédiés aux « people doing strange things with electricity ». Le public, dès le début de la performance, a les yeux rivés sur le mécanisme émettant les rayons verts, et il doit être DANS le cône. De la fumée, progressivement, emplit l’espace. Sa granulosité rompt avec la pureté des lasers. Les sons, entre autres conséquences de l’électricité contrôlée par l’artiste en temps réel, s’ajoutent à cette opposition puisque que des fréquences pures se mêlent aux accidents sonores du type glitch. La fumée, chaotique dans la lumière, se déplace aussi lentement que les lasers s’activent en scannant l’espace, le public dont les silhouettes font partie intégrante de l’œuvre. Les spectateurs, dont les attentions sont toutes focalisées sur un point dans l’espace, nous apparaissent comme dans l’incapacité de s’extraire de l’expérience. Ils sont immobiles mais n’attendent rien tant ils vivent l’instant. La fumée se densifiant, au fur et à mesure, ne dessine plus rien que les rayons de lumière qui font membrane entre ceux qui sont dans le mystère et le reste du monde. Le silence de tous les participants, dans les quelques minutes qui suivent la fin de la performance, en dit long sur l’intensité de l’expérience esthétique, donc la difficulté de s’en extraire. Quant au festival Némo, il se poursuit jusqu’au 16 décembre prochain.

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Le festival Némo

Art of Failure, “Corpus – Maison du Peuple de Jean Prouvé”, 2012.

Chaque année, le Festival Némo d’Arcadi investit de nouveaux lieux en Île-de-France. Sa quinzième édition induisant notamment la diffusion de performances ou installations ayant bénéficié de l’Aide à la Création Multimédia Expérimentale offre aussi la possibilité de découvrir l’étrangeté d’un espace intérieur : celui de la Maison du Peuple de Clichy. Le premier étage de ce bâtiment, datant du milieu des années trente, a été confié à Nicolas Maigret et Nicolas Montgermont. Et c’est sa structure métallique qui, au-delà de ses qualités architecturales, a décidé les artistes du duo Art of Failure. Car ces derniers, depuis 2006, investissent bâtiments et sculptures pour les mettre en résonance au travers de leurs structures métalliques. Le projet s’intitule “Corpus” et est accompagné par Ars Longa. A chaque étape de travail, Jeremy Gravayat capte des images de cette série d’architectures résonnantes. Au rez-de-chaussée de la Maison du Peuple de Clichy, c’est ainsi par l’image comme par le son que le public du festival francilien découvre quelques-unes des performances soniques antérieures données par duo parisien. La lenteur des mouvements de la caméra, dans l’image vidéo, souligne la puissance des fréquences sonores faisant résonner l’intégralité des structures. Qu’elles soient industrielles ou sculpturales, elles sont ainsi converties en autant d’instruments d’une musique de vibrations étirées. Quant au premier étage, il est transformé en une vaste caisse de résonnance que les spectateurs pénètrent en petits groupes. Les artistes y ont disposé, pour ne pas dire dissimulé, les haut-parleurs diffusant des séries de basses fréquences. Chaque râle “exprimé” semble venir des tréfonds de la terre. Il n’y a pas un centimètre carré qui échappe aux frémissements se succédant jusque dans nos chairs. Chaque fréquence nous apparaît comme pouvant être la dernière. Quand, lentement, une autre lui succède. Et nos états de conscience, petit à petit, sont affectés. Alors on se déplace, les yeux hagards, dans ce corps métallique frémissant. Il en est même qui touchent les parois du plat de la main, comme pour vérifier l’improbable. De l’extérieur, les souffles de la bête sont à peine perceptibles car l’artistique défaillance est masquée par d’autres vibrations, celles du réel de la ville, du métro sous nos pieds que dorénavant nous écouterons autrement. La pratique de l’art sonore consistant aussi à nous faire écouter les bruits du monde quand d’autres ne font que les entendre.

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Mal au Pixel

!Mediengruppe Bitnik, « Surveillance Chess », 2012.

Big Brother n’existe pas. A sa place, d’innombrables gens ordinaires, simples salariés d’entreprises publiques ou privées, rémunérés pour observer des parcelles d’un monde sous surveillance. Il est des pays où l’on nous en informe, à grand renfort de pictogrammes quand d’autres se contentent tout simplement de ne pas dissimuler leurs myriades de caméras, armes de dissuasion contre la délinquance pour les uns, armes de destruction massive de nos vies privées pour tant d’autres. Aussi il est des artistes, à l’instar du collectif !Mediengruppe Bitnik, qui s’en saisissent en les détournant de leurs fonctions originelles. Alors que des festivals, comme Mal au Pixel qui s’est installé à la Gaîté Lyrique, en font l’écho. Et sur le sol du centre dédié aux cultures numériques, au quatrième étage, il y a une valise jaune témoignant de l’action qui, au sein du document vidéo « Surveillance Chess« , se déroule dans le métro londonien durant la paranoïa sécuritaire des derniers Jeux Olympiques. On y découvre une jeune femme portant précisément une valise jaune semblable à celle de l’installation. Elle l’ouvre, pour s’adresser à celui où celle qui l’observe sur l’un des écrans de son dispositif de surveillance, dissimulé quelque part. On imagine aisément sa surprise au regard de l’échiquier qui, subitement, remplace le flux de l’une de ses caméras et précède le message : « I’ve Hijacked your surveillance camera! ». Puis la jeune activiste se dénonce : « I’m the one with the yellow suitcase », avant de proposer une partie d’échec en donnant son numéro de téléphone. Mais il est un autre message, un peu plus en avant dans la séquence vidéo documentant le détournement londonien : « Chess is everything Art, Sciences and Sport…» Quand on ne peut s’empêcher de penser à un autre homme, dissimulé lui aussi dans l’appareillage du baron Kempelen qui ventait les talents de son automate joueur d’échec. C’était au XVIIIe siècle et il ne fait aucun doute que cette œuvre d’ingénieur ait influencé les scientifiques en quête d’Intelligence Artificielle du XXe siècle. Le siècle qui vit le plus grand des joueurs d’échec perdre contre une machine.

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HELLO TM H5

H5, HELLO TM Liberty, 2012.

Le mercredi 10 octobre dernier à 9 h précises, une inquiétante nouvelle a simultanément émergé des serveurs de l’Agence France-Presse, de l’Associated Press et de Reuters : « La marque américaine HELLO TM aurait racheté la Gaîté Lyrique ». L’information n’a pas encore été confirmée par le centre parisien dédié aux Cultures Numériques qu’une statue emblématique de la firme  fondée en 1812 à Chicago par Harvey Halloway orne son entrée. C’est donc un aigle à la couleur bronze et symbolisant la puissance qui nous accueille. La marque se veut toutefois rassurante en diffusant des messages publicitaires au travers d’une voix féminine enivrante. Mais le regard de l’aigle dont l’image vidéo projetée atteint les 21 mètres de large is watching us. L’entreprise à l’identité visuelle quelque peu infantilisante n’a pas hésité à occuper l’espace d’exposition en y installant une gigantesque table de réunion façon Board of Directors. A l’écran, se succèdent les slides d’un story telling détaillant le contrôle de la situation. En bas, on comprend que l’entreprise est une famille, comme Google, comme Facebook au travers des « 880 portraits de ceux qui ont fait le siècle avec HELLO TM ». Et puis il y a la projection immersive d’un film d’animation où s’opère une collision entre Les Oiseaux d’Hitchcock et le style graphique de l’agence H5. Sans que l’on comprenne les rapports entre l’agence parisienne et le groupe international qui s’est adapté à la culture de la Gaîté Lyrique en proposant quelques dispositifs interactifs. Mais rien de ce qui est graphique, coloré ou participatif ne peut faire oublier les désirs d’expansion de la marque HELLO TM. Allant jusqu’à dévoiler le projet architectural visant à déplacer le Guggenheim Museum de New York à Chicago pour en faire son futur siège social !

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Figure Studies

David Michalek, Figure Studies, 2012.

Les “Figure Studies” de David Michalek qui sont actuellement exposées au Laboratoire offrent autant de lectures condensées, dans la lenteur, de histoire de l’art. On y pense, quand le corps est sculptural et quand le geste est mesuré, à la Grèce antique. Mais il est aussi des postures plus extravagantes, davantage baroques, qu’une lumière blanche extirpe de l’obscurité. Et puis il y a cette lenteur extrême évoquant Bill Viola ou Douglas Gordon. Le temps y apparaît comme étiré au point que les images en perdent leur statut car plus vraiment en mouvement, mais pas encore fixes, donc ni vidéographiques ni photographiques. Les corps, presque tous dénudés pour que rien ne perturbe le cadre, échappent à la pesanteur. Sportifs ou gens ordinaires, hommes ou femmes, jeunes ou vieux, tous sont également ralentis dans un monde dont on nous répète qu’il accélère sans cesse. Le véritable sujet, selon l’artiste qui se réclame d’Eadweard Muybridge plus que d’Étienne-Jules Marey, serait donc le mouvement. Et peu importe que l’un ait photographié comme un artiste alors que l’autre expérimentait tel un scientifique, quand on sait les multiples frictions historiques entre l’art et la science. David Edwards, le fondateur du Laboratoire, a d’ailleurs proposé à David Michalek d’échanger avec le scientifique Dan Lieberman spécialisé notamment dans l’étude de la marche ! Pour qu’enfin des techniques de prise de vue à grande vitesse soustraient, par la lumière, quelques corps de l’attraction terrestre. Car les arts, les sciences et techniques, depuis toujours, n’ont de cesse de se cristalliser en des œuvres hybrides comme les études de cet artiste américain.

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